Elle présente un versant réactionnaire à l’encontre de la modernité avec un fond de technophobie, peur de la maîtrise que l’Homme acquiert sur le monde, conviction que l’âge d’or est dans le passé avec sa frugalité et des humains plus soumis aux lois de leur nature.
Inversement, elle présente un versant révolutionnaire fondé sur la remise en cause des hiérarchies sociales, sexuelles, ethniques, une contestation du patriarcat, du capitalisme. Pour ce versant de l’écologie, l’âge d’or n’est point dans le passé dont l’étude enlève l’envie de le revivre.
Pas question, pour moi, de décerner des brevets de pureté idéologique écologiste !
Une telle démarche serait à la fois stupide et moralement inique.
Le pluralisme de la pensée est une vertu.
Laissons aux fanatiques leurs intolérances sectaires.
Reconnaissons à chacun la légitimité de penser et de porter des valeurs et des convictions riches de diversités.
Plus modestement, définissons notre approche d’une société écologique.
Nous n’ignorons rien d’une heuristique de la peur qui conduit à la prudence, ni de la colère qui pousse à l’action, ce ne sont pas les sentiments et les réflexes sur lesquels nous fondons notre proposition, mais sur l’amour, l’amour de la Vie, des êtres vivants, de la biosphère.
Ainsi, dans mes chroniques, je vous parle souvent de la chasse et d’aucuns pourraient trouver le sujet bien marginal et subalterne, surtout pour celui qui ignore le haut degré de soumission du pouvoir politique à ce lobby.
En fait, c’est le rapport à la mort qui se trouve en cause et je rejoindrai volontiers l’injonction de François CAVANNA : « Stop crève ! ».
Comment peut-on faire de la mort un loisir, une activité récréationnelle et ludique ?
Bien sûr, certains vous diront : « ce ne sont que des animaux, êtres inférieurs, qui souffrent et meurent à la chasse ».
A l’évidence, ce sont des êtres éprouvant le principe du plaisir/ déplaisir et cela suffit à condamner d’une manière absolue et radicale tout acte de chasse loisir.
Par-delà les mythes religieux criminogènes, les intérêts financiers et spéculatifs, les appartenances et identités ethnico-nationales, il y a la Vie et sa merveilleuse diversité sur cette planète.
Un élu local, un promoteur, un aménageur, féodaux des temps modernes qui détruisent un site naturel font œuvre de mort au même titre que le chasseur.
Notre éthique part d’un postulat : tout être vivant possède un intérêt légitime à vivre et la vie étant la valeur suprême, socle de toutes les autres, il est vain de hiérarchiser les vies.
Tout humain hominisé admettra sans peine que la vie d’un blanc vaut celle d’un noir et la vie d’une femme vaut celle d’un homme.
Ce sont-là des évidences morales qui s’imposent.
En revanche, nombre de contemporains s’interrogeront si la question devient : qu’est-ce qui prévaut ? La vie d’un enfant ou celle d’une personne âgée ?
L’un semble posséder davantage de vie à vivre et pourrait revendiquer la suprématie au nom d’un potentiel et aléatoire avenir.
Mais la seconde fera valoir qu’elle a plus vécu, possède davantage de souvenirs à préserver, de richesse de vie à sauvegarder et qu’elle l’emporte sur ce terrain.
Alors, quelle réponse pour le biocentrisme : la Vie étant la valeur suprême, elle ne souffre pas de hiérarchie.
Comme pour l’appartenance, l’âge n’offre aucun critère valide de hiérarchisation du droit à vivre dans la dignité.
L’écologie, dans notre acception, c’est le choix de la Vie.
Dès lors, peu importe la maîtrise que l’humain acquiert sur le monde.
Ce qui discrimine tient uniquement à l’usage qu’il en fait.
Si la science et la technique permettent de préserver le Vivant, la biodiversité, et font reculer la souffrance et la mort, accueillons-les comme des bienfaits.
En revanche, si l’Homo oeconomicus met sa maîtrise au service du gain, du profit, de la spéculation, d’une croissance mortifère pour la Nature, condamnons non pas cette maîtrise, mais son usage pervers.
Or, le système politique en place sert les intérêts des oligarques avides de profit.
Ce système préconise une croissance spéculative visant l’enrichissement égoïste de quelques-uns au détriment de la Nature et du Vivant.
Le système commet des écocides par sa course au profit et cancérise la planète par ses infrastructures, tout en s’orientant vers un probable collapsus de la société.
Il veut un toujours «plus», là où il faudrait un toujours «mieux».
Quand le pouvoir politique arbitre un conflit entre les intérêts économiques des exploiteurs et la Nature, il sacrifie systématiquement cette dernière, tout en tenant des discours vertueux contraires.
On observe une corruption institutionnalisée, généralisée mais sournoise et non assumée.
Au nom d’un anthropocentrisme primaire, les considérations de préservation des espèces animales et végétales sont omises lors des choix concrets.
Exemple d’actualité :
Les municipalités réduisent l’éclairage public nocturne pour alléger la facture énergétique de la commune. Très bien. Mais qui le fera pour supprimer la pollution lumineuse préjudiciable à la faune ?
Dans les obsessions d’énergies renouvelables ou de transports, qui se soucie des incidences des choix pour la biodiversité ?
Certainement pas le pouvoir politique sévissant ici et maintenant.
Ce pouvoir tourne le dos au biocentrisme et sert la ploutocratie nocive.
Il n’œuvre pas à la grande réconciliation de l’humain avec la Nature mais perdure à le tirer vers l’abîme thanatophile.
Symbolique et révélatrice de ce mal, l’amitié affichée du président de la République avec le chef des chasseurs !
Selon un sondage IFOP de ce jour, 79% des Français souhaitent des dimanches sans chasse.
Le gouvernement, aux ordres des lobbies, fait savoir qu’il refuse cette limitation du loisir de mort.
La COP15 de MONTRÉAL, relative à la protection de la biodiversité, préconise que 30% des surfaces terrestres et maritimes soient placées en réserves.
Imposteur, le pouvoir politique prive les zones en question de toute pratique de protection.
La Nature n’est absolument pas protégée même dans les parcs naturels régionaux, dans les terrains acquis par certains conservatoires qui ouvrent leurs domaines à la chasse et à diverses petites tolérances !
Une collusion malhonnête existe entre élus, gouvernants et affairistes pour imposer, souvent en violation de l’état de droit, les petits intérêts prévalant en infligeant tout et n’importe quoi à leurs infrastructures et grands ensembles.
L’écologie, conservatrice ou révolutionnaire, appelle la probité.
Probité : que voilà une notion tout aussi étrangère aux gouvernants que le respect du Vivant !
La preuve par la chasse, le béton et le bitume.
Gérard CHAROLLOIS
Convention Vie et Nature
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