Déjà affectés par la multiplication des stations de skis et autres installations humaines, les grands tétras doivent également faire face aux chasseurs qui veulent les buter. L’espèce se retrouve en danger de disparition.
Putain de Dieu, que les chasseurs font chier. On parle du grand tétras, Tetrao urogallus, autrement appelé « grand coq de bruyère ». Une merveille venue droit des temps glaciaires, que les spécialistes nomment une relique. Le mâle peut atteindre 5 kg, la femelle dépasse à peine les 2 kg. Les deux sont très différents et se parent de toutes les couleurs du monde : le rouge, le gris, le noir, le blanc, le roux. Ce sont des oiseaux, bien sûr, planqués dans quelques recoins des Vosges, du Jura et surtout des Pyrénées.
Un homme qui se bat comme un diable naturaliste depuis des décennies m’adresse un appel au secours. Depuis les années 1960, la population de grands tétras dans les Pyrénées s’est affaissée de 75 %. L’espèce, qui n’allait pas bien, est passée de la case « problématique » à « très inquiétante ». Des centaines de places de chant – le mâle joue les crooners pour emballer sa belle – ont disparu pour cause de routes ou de stations de ski. Et les gros pères de la chasse veulent buter les derniers. Mon interlocuteur m’écrit : « En 2008, Jean-Louis Borloo, alors ministre de l’Écologie, avait promis un moratoire sur la chasse au grand tétras dans les Pyrénées, promesse jamais tenue. En 2021, Barbara Pompili vient de refuser ce même moratoire, comme ça, elle se croit bien tranquille jusqu’en 2022. Dans l’intervalle, la population de grand tétras a [encore] baissé de 15 % au moins dans le massif [pyrénéen]. »
Le truc bien foldingue, c’est que les décisions de justice s’entassent. Quarante-neuf ont été prises en faveur de l’oiseau, mais les politiques, tous plus lâches les uns que les autres, écrasent la tête des derniers grands tétras, ces sublimes messagers des temps anciens. Le 21 novembre 2018, le Conseil d’État a rendu un avis sans appel : compte tenu de la fragilité de l’espèce, il est illégal de chasser l’ombre d’un seul grand tétras. Mais les préfets, sur ordre de la grande écologiste Barbara Pompili, continuent à donner des autorisations.
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